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 Lettre de Kasuku  N°28

 

 

La découverte du CO2

C’est de Bruxelles, où le conoravirus m’a confiné, que j’écris cette vingt-huitième lettre de Kasuku. J’en profite pour vous parler d’un médecin bruxellois peu connu, Jean-Baptiste van Helmont (1579-1644), un esprit peu conformiste qui mettait en doute les dogmes scientifiques de son temps.

Après avoir étudié la philosophie, l’astronomie, l’algèbre et la géométrie, il s’orientât vers la médecine et devint un fervent partisan de Paracelse. Mais ni la pierre philosophale, ni les quatre éléments chers aux alchimistes ne le satisfaisaient et il entama alors une série d'expériences qui étaient beaucoup plus proche de la chimie à peine naissante qu'à l'alchimie. Il a été le premier savant, au début du XVIIe siècle, a avoir deviné l’existence du CO2. 

La chimie était encore dans les limbes et on baignait encore dans les croyances de l’alchimie. On cherchait encore la Pierre philosophale, on imaginait pouvoir transmuter le plomb en or et les seuls éléments qu’on reconnaissaient étaient la terre, l’air, l’eau et le feu.

Il invente un nouveau mot : le gaz

En 1610, il réalise une expérience au cours de laquelle, après avoir brûlé 62 livres de charbon de bois, il ne subsistait guère qu’un peu plus d'une livre de cendres. Il constate que les 60 livres disparues ne sont plus que "esprit".  Il écrit alors :

"Cet esprit, inconnu jusqu'ici qui ne peut être ni contenu dans des vaisseaux, ni être réduit en un corps visible, je l'appelle d'un nom nouveau, gaz. Il le baptise alors  "gaz sylvestre".

Sans le savoir vraiment, il venait de mettre en évidence l'existence du CO2.  Evidemment il ne savait pas ce qu’était l’oxygène, un élément qui n’a été décrit qu’en 1772, ni le carbone qui n’a été identifié comme élément qu’à cette  même époque. 

ll montra aussi que ce «gaz sylvestre» pouvait être obtenu par l’action du vinaigre sur certaines pierres (calcaires) et par la fermentation du jus de raisin.

D’où provient le bois des arbres ?

Dans une autre expérience il planta un jeune saule dans une caisse de bois contenant une quantité de terre bien déterminée. Après arrosage, durant cinq ans, avec de l’eau de pluie filtrée, il observa que le poids de l’arbre avait augmenté de 164 livres, tandis que celui de la terre n’avait n’avait pratiquement pas changé. 

La terre n’ayant accusé aucune variation sensible de poids, il se demanda d'où provenait la substance qui s'était changée en bois. Il pensa que c'était l'eau qui s'était petit à petit changée en bois et en racines. Il s'était évidemment trompé. Il fallu attendre encore plus d’un siècle et demi pour comprendre d’où le bois puisait sa substance pour se développer.

On sait aujourd'hui que cet arbuste n'avait pas puisé le carbone nécessaire à sa croissance dans l'eau d'arrosage mais qu'il l'avait emprunté à son fameux gaz sylvestre, le CO2. de l'atmosphère !

Les connaissances de la chimie étaient encore quasi nulles à cette époque. Il était évident que Jean-Baptiste van Helmont était né beaucoup trop tôt !

Jean-Baptiste van Helmont 

Statue érigée à sa mémoire à la  Place du  Nouveau Marché aux Grains à Bruxelles